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fermentation des eſprits, la phyſique expérimentale, qui n’avoit que très-imparfaitement éclairé l’ancienne philoſophie, a trop rarement tourné ſes obſervations vers la partie du règne végétal la plus importante. On ignore encore les différentes qualités des terres, dont le nombre eſt infiniment varié ; quelles ſont les plus propres à chaque production ; la quantité, la qualité des ſemences qu’il convient de leur confier ; les tems propices pour les labourer, les enſemencer, les dépouiller ; les eſpèces d’engrais qui doivent augmenter leur fertilité. On n’eſt pas mieux inſtruit ſur la manière la plus avantageuſe de multiplier les troupeaux, de les élever, de les nourrir, de rendre leur toiſon meilleure. On n’a pas porté un plus grand jour ſur ce qui peut concerner les arbres. Nous n’avons guère, ſur toutes ces matières de néceſſité première, que des notions imparfaites, telles qu’une routine tout-à-fait aveugle ou une pratique peu réfléchie ont dû nous les tranſmettre. L’Europe ſeroit encore plus reculée, ſans les méditations de quelques écrivains Anglois, qui ont réuſſi à déraciner un aſſez grand nombre