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étendues étoient ſans valeur, ſi des travaux opiniâtres ne les rendoient utiles ; que défricher un ſol, c’étoit l’agrandir ; & que les campagnes les moins favorisées de la nature, pouvoient devenir fécondes par des avances faites avec intelligence. Des productions abondantes & variées ont été la récompenſe d’une conduite ſi judicieuſement ordonnée. Des peuples qui avoient manqué du néceſſaire, ſe ſont trouvés en état de fournir des alimens, même aux parties méridionales de l’Europe.

Mais comment des hommes placés ſur un terrein ſi riche ont-ils pu avoir beſoin de ſecours étrangers pour vivre ? Peut-être par la raiſon même que le terrein étoit excellent. Dans les pays que le ſort n’a pas traité favorablement, il a fallu que le cultivateur eût des fonds conſidérables, ſe condamnât à des veilles aſſidues, pour arracher des entrailles d’un ſol ingrat ou rebelle, des moiſſons un peu abondantes. Il n’a eu, pour ainſi dire, qu’à gratter la terre ſous un ciel plus fortuné, & cet avantage l’a plongé dans la misère & dans l’indolence. Le climat a encore augmenté ces calamités, &

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