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VII. Agriculture.

Le commerce qui ſort naturellement de l’agriculture, y revient par ſa pente & ſa circulation. Ainſi les fleuves retournent à la mer qui les a produits par l’exhalaiſon de ſes eaux en vapeurs, & par la chute de ſes vapeurs en eaux. La pluie d’or qu’attirent le tranſport & la conſommation des fruits de la terre, retombe enfin ſur les campagnes, pour y reproduire tous les alimens de la vie & les matières du commerce. Sans la culture des terres, tout commerce eſt précaire, parce qu’il manque des premiers fonds, qui ſont les productions de la nature. Les nations qui ne ſont que maritimes ou commerçantes, ont bien les fruits du commerce : mais l’arbre en appartient aux peuples agricoles. L’agriculture eſt donc la première & la véritable richeſſe d’un état.

On ne jouiſſoit pas de ſes bienfaits dans l’enfance du monde. Les premiers habitans du globe n’attendoient une nourriture incertaine que du haſard & de leur adreſſe. Ils erroient de région en région. Sans ceſſe occupés de leurs beſoins ou de leurs craintes, ils ſe fuyoient, ils ſe détruiſoient réciproquement. La terre fut fouillée, & les misères