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d’illuſion peut-être tout peuple réglera ſes beſoins ſur ſes facultés.

Heureuſe donc, & infiniment heureuſe la puiſſance qui, la première ſe débarraſſera des entraves, des taxes, des prohibitions qui arrêtent & oppriment par-tout le commerce. Attirés par la liberté, par la facilité, par la sûreté, par la multiplicité des échanges, les vaiſſeaux, les productions, les marchandiſes, les négocians de toutes les contrées de la terre rempliront ſes ports. Les cauſes d’une proſpérité ſi éclatante ne tarderont pas à être pénétrées ; & les nations, abdiquant leurs anciennes erreurs, leurs préjugés deſtructeurs, ſe hâteront d’adopter des principes ſi féconds en bons événemens. La révolution ſera générale. Par-tout ſeront diſſipés les nuages. Un jour ſerein luira ſur le globe entier. La nature reprendra les rênes du monde. Alors, ou jamais, éclora cette paix univerſelle qu’un roi guerrier mais humain ne croyoit pas chimérique. Si un bien ſi déſiré & ſi peu attendu ne ſort pas de ce nouvel ordre de choſes, de ce grand développement de la raiſon, du moins la félicité générale des hommes portera-t-elle ſur une baſe plus ſolide.