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le tems même de la plus profonde tranquilité, séparent les nations, quels que ſoient les rapports que la nature ou le haſard aient formé entre elles.

Les démêlés les plus ſanglans n’étoient autrefois qu’une exploſion paſſagère après laquelle chaque peuple ſe repoſoit ſur ſes armes brisées ou triomphantes. La paix étoit la paix. Elle n’eſt aujourd’hui qu’une guerres ſourde. Tout état repouſſe les productions étrangères, ou par des prohibitions, ou par des gênes ſouvent équivalentes à des prohibitions ; tout état refuſe les ſiennes aux conditions qui pourroient les faire rechercher, en étendre la conſommation. L’ardeur de ſe nuire réciproquement s’étend d’un pôle à l’autre. En vain la nature avoit réglé que, ſous ſes ſages loix, chaque contrée ſeroit opulente, forte & heureuſe de la richeſſe, de la puiſſance, du bonheur des autres. Elles ont, comme de concert, dérangé ce plan d’une bienveillance univerſelle, au détriment de toutes. Leur ambition les a portées à s’iſoler ; & cette ſituation ſolitaire leur a fait déſirer une proſpérité excluſive. Alors le mal a été rendu