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qu’il ſoit, ne peut jamais avoir, ni le crédit, ni les reſſources d’une nation entière. C’eſt que ſon monopole ne pouvant toujours durer, il en tire parti le plus rapidement qu’il peut ; il ne voit que le moment. Tout ce qui eſt au-delà du terme de ſon excluſif n’eſt rien à ſes yeux. Il aime mieux être moins riche ſans attendre, que plus riche en attendant. Par un inſtinct naturel à l’homme dont la jouiſſance eſt fondée ſur l’injuſtice, la tyrannie & les vexations, il craint ſans ceſſe la ſuppreſſion d’un droit fatal à tous. C’eſt que ſon intérêt eſt tout pour lui & que l’intérêt de la nation ne lui eſt rien. C’eſt que pour un petit bien, pour un avantage momentané, mais sûr, il ne balance pas à faire un grand mal, un mal durable. C’eſt qu’en mettant le pied dans le lieu de ſon exercice, le privilège excluſif y introduit avec lui le cortège de toutes les ſortes de persécutions. C’eſt que par la folie, le vague, l’étendue ou l’extenſion des conditions de ſon octroi, & par la puiſſance de celui qui l’a accordé ou qui le protège, maître de tout, il s’immiſce de tout, il gêne tout, il détruit tout ; il découragera, il anéantira un genre d’in-