Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

ranée ; à Carthage, ils jetèrent les fondemens d’une république qui commença par l’océan ſur les meilleures côtes de l’Europe. Les Grecs ſuccédèrent aux Phéniciens ; les Romains aux Carthaginois & aux Grecs. Ils furent les maîtres de la mer comme de la terre : mais ils ne firent d’autre commerce que celui d’apporter pour eux, en Italie, toutes les richeſſes de l’Afrique, de l’Aſie & du monde conquis. Quand Rome eut tout envahi, tout perdu, le commerce retourna, pour ainſi dire, à ſa ſource vers l’Orient. C’eſt-là qu’il ſe fixa, tandis que les Barbares inondoient l’Europe. L’empire fut divisé. Les armes & la guerre reſtèrent dans l’Occident : mais l’Italie conſerva du moins une communication avec le Levant, où couloient toujours les tréſors de l’Inde.

Les croiſades épuisèrent en Aſie toutes les fureurs de zèle & d’ambition, de guerre & de fanatiſme qui circuloient dans les veines des Européens : mais elles rapportèrent dans nos climats le goût du luxe Aſiatique ; & elles rachetèrent par un genre de commerce & d’induſtrie, le ſang & la population qu’elles avoient coûté. Trois ſiècles