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de convenir de l’impoſſibilité où ils ſont d’être juſtes. Dans l’état actuel des choſes, tous, quelques-uns principalement, ont élevé leurs forces navales plus haut que leur fortune ne le permettoit. Juſqu’ici leur orgueil n’a pu ſe réſoudre à deſcendre de cette grandeur exagérée dont ils s’étoient enivré, dont ils avoient enivré leurs voiſins. Le moment arrivera pourtant, & il ne doit pas être éloigné, où ce ſera une néceſſité de proportionner les armemens aux reſſources d’un fiſc obéré. Ce ſera une époque heureuſe pour l’Europe ſi elle ſuit un ſi bel exemple. Cette partie du monde, qui compte aujourd’hui trois cens quatre-vingt-douze vaiſſeaux de ligne, & quatre fois plus de bâtimens de guerre d’un ordre inférieur, tirera de grands avantages de cette révolution. L’océan ſera ſillonné alors par moins de flottes, & ſur-tout par des flottes moins nombreuſes. La navigation marchande s’enrichira des débris de la marine militaire ; & le commerce recevra dans l’univers entier une extenſion nouvelle.

VI. Commerce.

Le commerce ne produit rien lui-même ; il n’eſt pas créateur. Ses fonctions ſe rédui-