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de la raiſon, ils ont très-bien détruit celui de l’ancienne égliſe.

Au milieu de ces ruines, la philoſophie s’eſt élevée, & elle a dit. Si le texte de l’écriture n’a pas la clarté, la préciſion, l’authenticité néceſſaires pour être l’unique règle infaillible de culte & de dogme. Si la tradition de l’égliſe depuis les premiers ſiècles juſqu’au tems de Luſtrer & de Calvin s’eſt corrompue elle-même avec les mœurs des prêtres & des fidèles ; ſi les conciles ont chancelé, varié, décidé contradictoirement dans leurs aſſemblées ; s’il eſt indigne de la divinité de communiquer ſon eſprit & ſa parole à un ſeul homme débauché quand il eſt jeune, imbécile quand il eſt vieux, ſujet enfin dans tous les âges aux paſſions, aux erreurs, aux infirmités de l’homme : il ne reſte aucun appui ſolide & conſtant à l’infaillibilité de la foi chrétienne. Ainſi cette religion n’eſt pas d’inſtitution divine, ou Dieu n’a pas voulu qu’elle fut éternelle.

Ce dilemme eſt très-embarraſſant. Tant que le ſens des écritures demeurera ſuſceptible des conteſtations qu’il a toujours éprouvées,