Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’équipage. Cette force doubla pendant la guerre pour la ſucceſſion d’Eſpagne. Elle a fait depuis des progrès tels, que l’Angleterre ſe croit en état de balancer ſeule par ſes forces navales, toute la marine de l’Univers. Cette puiſſance eſt ſur mer, ce qu’étoit Rome ſur la terre, quand elle tomba de ſa grandeur.

La nation Angloiſe regarde ſa marine comme le rempart de ſa sûreté, comme la ſource de ſes richeſſes. C’eſt dans la paix, comme dans la guerre, le pivot de ſes eſpérances. Auſſi lève-t-elle, & plus volontiers, & plus promptement, une flotte qu’un bataillon. Elle n’épargne aucun moyen de dépenſe, aucune reſſource de politique pour avoir des hommes de mer.

Les fondemens de cette puiſſance furent jetés au milieu du dernier ſiècle, par ce fameux acte de navigation, qui aſſuroit aux Anglois toutes les productions de leur vaſte empire & qui leur promettoit une grande partie de celles des autres régions. Par cette loi, on ſembloit dire à chaque peuple de ne penſer qu’à ſoi. Cependant cette leçon a été inutile juſqu’à nos jours ; & aucun gouvernement ne l’a priſe pour règle de ſa con-