Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

ſelle à un peuple inſulaire. Partager avec lui l’empire de la mer, c’étoit le lui céder. Les Hollandais réſolurent de le garder. Au lieu de s’allier avec l’Angleterre, ils s’exposèrent courageuſement à la guerre. Ils combattirent long-tems avec des forces inégales ; & cette opiniâtreté contre les revers, leur conſerva, du-moins, une honorable rivalité. La ſupériorité dans la conſtruction, dans la forme des vaiſſeaux, donna ſouvent la victoire à leurs ennemis : mais les vaincus ne firent point de pertes déciſives.

Cependant, ces longs & terribles combats avoient épuisé, du moins ralenti, la vigueur des deux nations, lorſque Louis XIV, voulant profiter de leur affoibliſſement réciproque, aſpira à l’empire des mers. En prenant les rênes de ſon royaume, ce prince n’avoit trouvé dans ſes ports que huit ou neuf vaiſſeaux demi-pourris ; encore n’étoient-ils ni du premier, ni du ſecond rang. Richelieu avoit ſu jeter une digue devant la Rochelle, mais non créer une marine, dont Henri IV & ſon ami Sully devoient pourtant avoir conçu le projet : mais tout ne pouvoit naître à la fois que dans le beau ſiècle de la