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entier. Liſbonne, Cadix & Anvers, faiſoient preſque tout le commerce de l’Europe ſous un même ſouverain, que ſa puiſſance & ſon ambition rendoient l’objet de la haine & de l’envie. Les nouveaux républicains, échappés à ſa tyrannie, excités par le reſſentiment & le beſoin, ſe firent corſaires, & ſe formèrent une marine aux dépens des Eſpagnols & des Portugais, qu’ils déteſtoient. La France & l’Angleterre, qui ne voyoient que l’humiliation de la maiſon d’Autriche dans les progrès de la république naiſſante, l’aidèrent à garder des conquêtes & des dépouilles, dont elles ne connoiſſoient pas encore tout le prix. Ainſi les Hollandois s’aſſurèrent des établiſſemens par-tout où ils voulurent porter leurs armes, s’affermirent dans leurs acquiſitions, avant qu’on pût en être jaloux, & ſe rendirent inſenſiblement les maîtres de tout le commerce par leur induſtrie, & de toutes les mers, par la force de leurs eſcadres.

Les troubles domeſtiques de l’Angleterre favorisèrent quelque tems cette proſpérité, lourdement acquiſe dans des pays éloignés, Mais enfin Cromwel éveilla dans ſa patrie la jalouſie du commerce, Elle étoit natu-