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deſpote ; d’un prince ſuperſtitieux & ſanguinaire ; de deux Philippes & d’un duc d’Albe. C’eſt dans les Pays-Bas qu’on vit une république ſortir des gibets de la tyrannie & des bûchers de l’inquiſition. Après que la liberté eut rompu ſes chaînes, qu’elle eut trouvé ſon aſyle dans l’océan, elle éleva ſes remparts ſur le continent. Les Hollandois imaginèrent les premiers l’art de fortifier les places : tant le génie & la création appartiennent aux âmes libres. Leur exemple fut imité par-tout. Les grands états n’avoient beſoin que de fortifier leurs frontières. L’Allemagne & l’Italie, partagées entre pluſieurs princes, furent hériſſées d’un bout à l’autre de fortes citadelles. On n’y voyage point ſans trouver chaque ſoir des portes fermées & des ponts-levis à l’entrée des villes.

Tandis que Naſſau, armé pour aſſurer l’indépendance de ſa patrie, renouvelloit la ſcience des fortifications, la paſſion de la gloire pouſſoit Guſtave à chercher, ſur les traces des anciens, les principes preſque entièrement perdus de la guerre de campagne. Il eut la gloire de les trouver, de les appliquer, de les répandre : mais, s’il