Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée

non, il n’eſt pas poſſible que l’art infernal des combats s’éterniſe ! Il tombera dans l’oubli. Les peuples qui le perfectionnèrent ſeront maudits ; & le moment où ces redoutables inſtrumens de mort ſeront généralement brisés ne ſauroit être fort éloigné. L’univers aura enfin en exécration ces odieux conquérans qui aimoient mieux être la terreur de leurs voiſins que les pères de leurs ſujets, & envahir des provinces que de gagner des cœurs ; qui vouloient que les cris de la douleur fuſſent le ſeul hymne qui accompagnât leurs victoires ; qui élevoient les monumens lugubres deſtinés à immortaliſer leur fureur & leur vanité ſur des campagnes qu’ils avoient dépouillées, ſur des cités qu’ils avoient réduites en cendres, ſur des cadavres que leur glaive avoit entaſſés ; qui prétendoient que l’hiſtoire de leur règne ne fut que le ſouvenir des maux qu’ils auroient faits. On ne trompera pas davantage l’humanité ſur les ſujets de ſon admiration. Aveugle & rampante, elle ne ſe proſternera plus devant ceux qui la fouloient aux pieds. Les fléaux ſeront regardés comme des fléaux & des crimes éclatans ceſſeront d’oc-