Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

la vie d’un ſeul homme. L’eſprit général qui vit & ſe perpétue dans la nation eſt la ſeule règle des négociations. Ce n’eſt pas qu’un citoyen puiſſant, un démagogue éloquent, ne puiſſe entraîner quelquefois un gouvernement populaire dans un écart politique : mais on en revient aisément. Là, les fautes ſont des leçons, comme les ſuccès. Ce ſont de grands événemens, & non des hommes, qui font époque dans l’hiſtoire des républiques. Il eſt inutile de vouloir ſurprendre un traité de paix ou d’alliance par la ruſe ou par l’intrigue, avec un peuple libre. Ses maximes le ramènent toujours à ſes intérêts permanens, & tous les engagemens y cèdent à la loi ſuprême. Là, c’eſt le ſalut du peuple qui fait tout, tandis qu’ailleurs c’eſt le bon plaiſir du maître.

Ce contraſte de maximes politiques a rendu ſuſpectes ou odieuſes les conſtitutions populaires à tous les ſouverains abſolus. Ils ont craint que l’eſprit républicain n’arrivât juſqu’à leurs ſujets, dont tous les jours ils appeſantiſſent de plus en plus les fers. Auſſi s’aperçoit-on d’une conſpiration ſociété entre toutes les monarchies, pour détruire