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proque entre les peuples de la terre & de la mer, un équilibre d’induſtrie & de puiſſance, qui les feroit tous communiquer enſemble pour l’utilité générale. Chacun cultiveroit & recueilleroit ſur l’élément qui lui eſt propre. Les divers états auroient cette liberté d’exportation & d’importation qui doit régner entre les provinces d’un même empire.

Une grande erreur domine dans la politique moderne : c’eſt celle d’affoiblir, autant qu’on peut, les ennemis. Mais aucune nation ne peut travailler à la ruine des autres, ſans préparer & avancer ſon aſſerviſſement. Sans doute, il eſt des momens où la fortune offre tout-à-coup un grand accroiſſement de puiſſance à un peuple : mais une proſpérité ſubite eſt peu durable. Souvent il vaudroit mieux ſoutenir des rivaux, que de les opprimer. Sparte refuſa de rendre Athènes eſclave ; & Rome ſe repentit d’avoir détruit Carthage.

Cette élévation de ſentimens épargneroit bien des menſonges, bien des crimes à la politique, qui, depuis deux ou troi$ ſiècles, a eu des objets plus variés & plus impor-