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de ſes talens militaires, qu’une heureuſe iſſue de ſa patience & de ſon activité politique. Telle étoit la ſituation des choſes, lorſque la ſucceſſion au trône d’Eſpagne mit l’Europe en feu.

Depuis l’empire des Perſes & celui des Romains, jamais une ſi riche proie n’avoit tenté l’ambition, Le prince qui auroit pu la joindre à ſa couronne, ſeroit monté naturellement à cette monarchie univerſelle, dont le fantôme épouvantoit tous les eſprits. Il faiſoit donc empêcher que ce trône n’échût à une puiſſance déjà formidable, & tenir la balance égale entre les maiſons d’Autriche & de Bourbon, qui ſeules y pouvoient aſpirer par le droit du ſang.

Des hommes versés dans la connoiſſance des mœurs & des affaires de l’Eſpagne, ont, prétendu, ſi l’on en croit Bolingbrock, que ſans les hoſtilités que l’Angleterre & la Hollande excitèrent alors, on eût vu Philippe V auſſi bon Eſpagnol que les Philippes ſes prédéceſſeurs, & que le conſeil de France n’auroit eu aucune influence ſur l’adminiſtration d’Eſpagne : mais que la guerre faite aux Eſpagnols pour leur donner un maître, les