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bition eſt également naturelle aux princes ordinaires, nés ſans aucun talent, & aux monarques d’un eſprit ſupérieur, qui n’ont point de vertus ou de morale. Mais ni Charles-Quint, ni Louis XIV n’avoient cette détermination, cette impulſion de l’âme à tout braver, qui fait les héros conquérans : ils n’avoient rien d’Alexandre. Cependant on prit, l’on ſema des alarmes utiles. On ne ſauroit les concevoir, les répandre trop tôt, quand il s’élève des puiſſances formidables à leurs voiſins. C’eſt entre les nations ſur-tout, c’eſt à l’égard des rois que la crainte opère la sûreté.

Quand Louis XIV voulut regarder autour de lui, peut-être dut-il être étonné de ſe voir plus puiſſant qu’il ne le croyoit. Sa grandeur venoit en partie du peu de concert qui régnoit entre les forces & les meſures de ſes ennemis. L’Europe avoit bien ſenti le beſoin d’un lien commun, mais n’en avoit pas trouvé le moyen. En traitant avec ce monarque, fier des ſuccès & vain des éloges, on croyoit gagner beaucoup que de ne pas tout perdre. Enfin les inſultes de la France multipliées avec ſes