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adreſſe à remuer, à ſecouer les trônes les uns après les autres, pour les tenir tous dans la dépendance ! Un deſſein ſi profond & ſi vaſte ne pouvant s’exécuter qu’autant qu’il n’eſt pas manifeſté, ne ſauroit convenir à une monarchie héréditaire, où les paſſions des rois & les intrigues des miniſtres, mettent tant d’inſtabilité dans les affaires. Ce projet, & le plan général de conduite qu’il exige, ne pouvoient naître que dans un gouvernement électif, où le chef eſt pris dans un corps toujours animé du même eſprit, imbu des mêmes maximes ; où une cour ariſtocratique gouverne le prince, plutôt qu’elle ne ſe laiſſe gouverner par lui.

Pendant que la politique Italienne épioit dans toute l’Europe, & ſaſſiſſoit les occaſions d’agrandir & d’affermir le pouvoir eccléſiaſtique, chaque ſouverain voyoit avec indifférence les révolutions qui ſe paſſoient au-dehors. La plupart étoient trop occupés à cimenter leur autorité dans leurs propres états, à diſputer les branches du pouvoir aux différens corps qui en étoient en poſſeſſion, ou qui faiſoient contre la pente naturelle de la monarchie au deſpotiſme : ils