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j’édifierai mon égliſe. Différentes cauſes concoururent dans la ſuite à cimenter cette prérogative. Le prince des apôtres avoit été le premier évêque de Rome. Rome étoit le centre de réunion de toutes les autres égliſes dont elle ſoulageoit l’indigence. Elle avoit été la capitale du monde ; & le nombre des chrétiens n’étoit nulle part auſſi grand. Le titre de pape étoit un titre commun à tous les évêques ſur leſquels celui de Rome n’obtint la ſupériorité qu’au bout de onze ſiècles. Alors le gouvernement eccléſiaſtique ne penche pas ſeulement vers la monarchie ; il a fait des pas vers la monarchie univerſelle. Sur la fin du huitième ſiècle paroiſſent les fameuſes décrétales d’Iſidore de Séville. Le pape s’annonce comme infaillible. Il s’affranchit de la ſoumiſſion aux conciles. Il tient dans ſa main deux glaives, l’un ſymbolique de la puiſſance ſpirituelle, l’autre de la puiſſance temporelle. Il n’y a plus de diſcipline. Les prêtres ſont les eſclaves du pape ; les rois ſont ſes vaſſaux. Il leur impoſe des tributs ; il anéantit les anciens juges ; il en crée de nouveaux. Il fait des primats. Le clerc eſt ſouſtrait à toute juriſdiction civile. Le décret