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donné. Rien ne ſe décide ſans l’intervention des fidèles. C’eſt une véritable démocratie. Dans les affaires civiles, on s’en rapportoit à l’arbitrage des évêques. On blâmoit les chrétiens d’avoir des procès ; on les blâmoit encore davantage de ſe traduire devant le magiſtrat. Il eſt probable que les biens étoient en commun, & que l’évêque en diſpoſoit à ſon gré.

Juſqu’ici tout ſe paſſe ſans l’intervention de la puiſſance séculière. Mais ſous Aurélien, les chrétiens demandent main forte à l’empereur contre Paul de Samozate ; Conſtantin exile Arius & condamne au feu ſes écrits ; Théodoſe sévit centre Neſtorius ; & ces innovations fixent l’époque d’un ſecond état de la juriſdiction eccléſiaſtique ; un écart de ſa ſimplicité primitive ; un mélange de puiſſance ſpirituelle & d’autorité coactive. Les fidèles, en nombre prodigieux dès le ſecond ſiècle, ſont diſtribués en différentes égliſes, ſoumiſes à la même adminiſtration. Entre ces égliſes, il y en avoit de plus ou moins importantes ; l’autorité séculière ſe mêle de l’élection des évêques, & la confuſion des deux puiſſances s’accroît. Il y en avoit de pauvres & de riches ;