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précaution qu’elle prend conſtamment de ne placer que des chefs étrangers à la tête de ſes foibles troupes, & de leur donner des ſurveillans ; par la défenſe qu’elle fait indiſtinctement à tous ceux qui lui ſont ſoumis d’aller ſe former aux combats ſur le théâtre de la guerre ; par l’eſpionnage, les raffinemens d’une politique inſidieuſe, mille autres moyens qui décèlent des craintes & des alarmes continuelles. Sa plus grande confiance paroît être dans un inquiſiteur qui rode perpétuellement entre les individus, la hache levée ſur le cou de quiconque pourroit par ſes actions ou par ſes diſcours troubler l’ordre public.

Cependant tout n’eſt pas blâmable à Veniſe. L’impôt qui fournit au fiſc vingt-cinq millions, n’a ni augmenté ni diminué depuis 1707. Tout eſt combiné pour dérober au citoyen l’idée de ſon eſclavage, & le rendre tranquille & gai. Le culte eſt tourné vers les cérémonies. Point de grandes fêtes ſans ſpectacle & ſans muſique. Ne parlez en public ni de politique ni de religion ; & dites, faites à Veniſe tout ce qu’il vous plaira. Un orateur chrétien prêchant devant les chefs de la