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Elle tomba ſous le joug, qui le croiroit ! parce qu’elle ne payoit point d’impôts. Les peuples conquis étoient ſeuls tributaires du fiſc. Les revenus publics devant être les mêmes après qu’avant la révolution, la propriété ne paroiſſoit pas être attaquée ; & le citoyen crut qu’il ſeroit aſſez libre, tant qu’il ſeroit le maître de ſes biens.

La Hollande, au contraire, gardera ſa liberté, parce qu’elle eſt ſujette à des impôts très-conſidérables. Elle ne peut conſerver ſon pays qu’à grands frais. Le ſentiment de ſon indépendance lui donne ſeul une induſtrie proportionnée au poids de ces contributions, & la patience d’en ſoutenir le fardeau. S’il falloit ajouter aux dépenſes énormes de l’état, celles qu’exige le faſte d’une cour ; ſi le prince employoit à ſoudoyer les ſuppôts de la tyrannie, ce qu’il doit aux fondemens d’une terre bâtie ſur la mer, il pouſſeroit bientôt les peuples au déſeſpoir.

L’habitant Hollandois, placé ſur ſes toits, & découvrant au loin la mer s’élevant au-deſſus du niveau des ſortes de dix-huit à vingt pieds, qui la voit s’avancer en mugiſſant contre ces digues qu’il a élevées, rêve, &