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& qu’on le prendroit toujours dans ſa famille. Cette vue d’une ambition profonde n’a pas été ſuivie d’un ſuccès conſtant ; & deux fois on a aboli une magiſtrature ſingulière qui, à la diſpoſition abſolue des forces de terre & de mer, réuniſſoient beaucoup d’autres prérogatives très-importantes.

À ces époques, remarquables dans l’hiſtoire d’un état unique, dans les annales de l’ancien & du Nouveau-Monde, ſont arrivés de grands changemens. Les auteurs de la révolution ſe ſont hardiment partagé tous les pouvoirs. Une tyrannie intolérable s’eſt par-tout établie avec plus ou moins d’audace. Sous prétexte que les aſſemblées générales étoient tumultueuſes, fatigantes & dangereuſes, la multitude n’a plus été appelée à l’élection des dépoſitaires de l’autorité publique. Les bourgmeſtres ont choiſi leurs échevins & ſe ſont emparés des finances dont ils n’ont rendu compte qu’à leurs égaux & à leurs cliens. Les sénateurs ſe ſont arrogé le droit de compléter leurs corps. La magiſtrature s’eſt reſſerrée dans quelques familles, qui ſe ſont attribué un droit preſqu’excluſif de députation aux états généraux. Chaque province, chaque