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des deux Indes.

traduire les Bedas ou livres ſaints, & de ne jamais révéler à perſonne le ſymbole de la croyance des bramines. Feizi promit ſans héſiter, & vraiſemblablement il tint parole.

De tems immémorial, les brames, ſeuls dépoſitaires des livres, des connoiſſances & des réglemens, tant civils que religieux, en avoient fait un ſecret que la préſence de la mort, au milieu des ſupplices, ne leur avoit point arraché. Il n’y avoit aucune ſorte de terreurs & de ſéductions auxquelles ils n’euſſent réſiſté ; lorſque tout récemment M. Haſtings, gouverneur général des établiſſemens Anglois dans le Bengale, & le plus éclairé des Européens qui ſoient paſſés aux Indes, devint poſſeſſeur du code des Indiens. Il corrompit quelques brames ; il fit ſentir à d’autres le ridicule & les inconveniens de leur myſtérieuſe réſerve. Les vieillards, que leur expérience & leurs études avoient élevés au-deſſus des préjugés de leur caſte, ſe prêtèrent à ſes vues, dans l’eſpérance d’obtenir un plus libre exercice de leur religion & de leurs loix. Ils étoient au nombre de onze, dont le plus âgé paſſoit quatre-vingts ans, & le plus jeune n’en avoit pas moins de