Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
Histoire philosophique

Il fut reçu par un ſavant bramine, qui l’éleva avec autant de tendreſſe que s’il eût été ſon fils. Après dix ans d’études, Akebar voulut faire revenir le jeune homme : mais celui-ci étoit épris des charmes de la fille du bramine, ſon inſtituteur.

Les femmes de la race ſacerdotale paſſent pour les plus belles femmes de l’Indoſtan. Le vieux bramine ne s’oppoſa pas aux progrès de la paſſion des deux amans. Il aimoit Feizi, qui avoit gagné ſon cœur par ſes manières & ſa docilité, & lui offrit ſon amante en mariage. Alors le jeune homme, partagé entre l’amour & la reconnoiſſance, ne voulut pas continuer plus long-tems la ſupercherie. Tombant aux pieds du bramine, il lui découvre la fraude, & le ſupplie de lui pardonner ſon crime.

Le prêtre, ſans lui faire aucun reproche, ſaiſit un poignard qu’il portoit à ſa ceinture, & alloit s’en frapper, ſi Feizi n’eût arrêté ſon bras. Ce jeune homme mit tout en uſage pour le calmer, proteſtant qu’il étoit prêt à tout faire, pour expier ſon infidélité. Le bramine fondant en larmes, promit de lui pardonner, s’il vouloit jurer de ne jamais