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des deux Indes.
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c’eſt cette opulence même qui allumera la cupidité de la puiſſance que vous avez créée au milieu de vous. Vous en ſerez dépouillés, & en même tems de votre liberté. Vous ne ſerez plus rien : car vous chercherez en vous votre courage, & vous ne l’y trouverez point.

» Ne vous y trompez point. Votre condition préſente eſt plus fâcheuſe que la nôtre ne le fut jamais. L’avantage d’un peuple indigent qu’on opprime, eſt de n’avoir à perdre qu’une vie qui lui eſt à charge. Le malheur d’un peuple énervé par la richeſſe, c’eſt de tout perdre, faute de courage pour ſe défendre. Réveillez-vous donc. Regardez les progrès ſucceſſifs de votre dégradation. Voyez combien vous êtes deſcendus de l’état de ſplendeur où nous nous étions élevés, & tâchez d’y remonter, ſi toutefois il en eſt tems encore ».

Voilà ce que vos illuſtres & braves aieux vous diſent par ma bouche. Et que vous importe, me répondrez-vous, notre décadence actuelle & nos malheurs à venir. Êtes-vous notre concitoyen ? Avez-vous une habitation, une femme, des enfans dans nos villes ?