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des deux Indes.
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pas davantage quel profit il leur reviendra d’avoir détrôné le roi de Madure, iſle fertile & voiſine de Mataram, pour y placer ſon fils comme gouverneur. Ce qui nous eſt malheureuſement trop connu, c’eſt qu’indépendamment du joug tyrannique de la compagnie, tous les peuples de Java ont à ſupporter les vexations plus odieuſes, s’il eſt poſſible, de ſes trop nombreux agens. Ces hommes avides & injuſtes ſe ſervent habituellement de faux poids & de fauſſes meſures pour groſſir la quantité de denrées ou de marchandiſes qu’on doit leur livrer. Cette infidélité, dont ils profitent ſeuls, n’a jamais été punie ; & rien ne fait eſpérer qu’elle puiſſe l’être un jour.

Du reſte, la compagnie, contente d’avoir diminué l’inquiétude des Javanois, en ſappant peu-à-peu les mauvaiſes loix qui l’entretenoient, de les avoir forcés à quelque agriculture, de s’être aſſurée d’un commerce entièrement excluſif, n’a pas cherché à acquérir des propriétés dans l’iſle. Tout ſon domaine ſe réduit au petit royaume de Jacatra. Les horreurs qui accompagnèrent la conquête de cet état, & la tyrannie qui la ſuivit, en firent un déſert. Il reſta inculte & ſans induſtrie.