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On faiſoit le commerce par caravanes, & l’on alloit en troupes armées juſqu’aux lieux où l’on avoit fixé les foires. Là, les marchands ne négligeoient aucun moyen de ſe concilier le peuple. Ils étoient ordinairement accompagnés de bateleurs, de muſiciens & de farceurs. Comme il n’y avoit alors aucune grande ville, & qu’on ne connoiſſait ni les ſpectacles, ni les aſſemblées, ni les plaiſirs ſédentaires de la ſociété privée, le tems des foires étoit celui des amuſemens ; & ces amuſemens dégénéroient en diſſolutions, qui autoriſoient les déclamations & les violences du clergé. Les commerçans furent ſouvent excommuniés. Le peuple avoit en horreur des étrangers qui apportoient des ſuperfluités à ſes tyrans, & qui s’aſſocioient à des hommes dont les mœurs bleſſoient les préjugés & ſon auſtérité groſſière.

Les Juifs, qui ne tardèrent pas à s’emparer des détails du commerce, ne lui donnèrent pas beaucoup de conſidération. Ils furent alors dans toute l’Europe, ce qu’ils font encore aujourd’hui dans la Pologne & dans la Turquie. Les richeſſes qu’ils avoient, celles qu’ils acquéroient tous les jours, les mirent