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des deux Indes.
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pouvoit être traversée par les Anglois, alors en poſſeſſion d’une partie du commerce de cette iſle. Cet obſtacle fut bientôt levé. La foibleſſe de Jacques I, & la corruption de ſon conſeil, rendoient ces fiers Bretons ſi timides, qu’ils ſe laiſſèrent ſupplanter, ſans faire des efforts dignes de leur courage. Les naturels du pays, privés de cet appui, furent aſſervis. Ce fut l’ouvrage du tems, de l’adreſſe, de la politique.

Une des maximes fondamentales des Portugais, avoit été d’engager les princes qu’ils vouloient mettre ou tenir ſous l’oppreſſion, d’envoyer leurs enfans à Goa, pour y être élevés aux dépens de la cour de Liſbonne, & s’y naturaliſer, en quelque manière, avec ſes mœurs & ſes principes. Mais cette idée, bonne en elle-même, les conquérans l’avoient gâtée, en admettant ces jeunes gens à leurs plaiſirs les plus criminels, à leurs plus honteuſes débauches. Il arrivoit de-là que ces Indiens, mûris par l’âge, ne pouvaient s’empêcher de haïr, de mépriſer du moins des inſtituteurs ſi corrompus. En adoptant cette pratique, les Hollandois la perfectionnèrent. Ils cherchèrent à bien convaincre