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des deux Indes.
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pratiquer ? Quelle obligation vous aura le Sauvage, lorſque vous lui aurez porté des arts ſans leſquels il eſt ſatiſfait, des induſtries qui ne feroient que multiplier ſes beſoins & ſes travaux, des loix dont il ne peut ſe promettre plus de sécurité que vous n’en avez ?

Encore ſi, lorſque vous avez abordé ſur les rivages, vous vous étiez proposé de l’amener à une vie plus policée, à des mœurs qui vous paroiſſoient préférables aux ſiennes, on vous excuſeroit. Mais vous êtes deſcendus dans ſon pays pour l’en dépouiller. Vous ne vous êtes approchés de la cabane que pour l’en chaſſer, que pour le ſubſtituer, ſi vous le pouviez, à l’animal qui laboure ſous le fouet de l’agriculteur, que pour achever de l’abrutir, que pour ſatiſfaire votre cupidité.

Fuyez, malheureux Hottentots, fuyez ! enfoncez-vous dans vos forêts. Les bêtes féroces qui les habitent ſont moins redoutables que les monſtres ſous l’empire deſquels vous allez tomber. Le tigre vous déchirera peut-être ; mais il ne vous ôtera que la vie. L’autre vous ravira l’innocence & la liberté. Ou ſi vous vous en ſentez le courage, prenez vos haches, tendez vos arcs, faites pleuvoir