Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/420

Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
398

libre. Aimez-vous la ſanté ? il ne connoît d’autre maladie que la vieilleſſe. Aimez-vous la vertu ? il a des penchans qu’il ſatiſfait ſans remords, mais il n’a point de vices. Je ſais bien que vous vous éloignerez avec dégoût d’un homme emmailloté, pour ainſi dire, dans les entrailles des animaux. Croyez-vous donc que la corruption dans laquelle vous êtes plongés, vos haines, vos perfidies, votre duplicité, ne révoltent pas plus ma raiſon, que la malpropreté de l’Hottentot ne révolte mes ſens ?

Vous riez avec mépris des ſuperſtitions de l’Hottentot. Mais vos prêtres ne vous empoiſonnent-ils pas en naiſſant de préjugés qui font le ſupplice de votre vie, qui sèment la diviſion dans vos familles, qui arment vos contrées les unes contre les autres ? Vos pères ſe ſont cent fois égorgés pour des queſtions incompréhenſibles. Ces tems de frénéſie renaîtront, & vous vous maſſacrerez encore.

Vous êtes fiers de vos lumières ; mais à quoi vous ſervent-elles ? de quelle utilité ſeroient-elles à l’Hottentot ? eſt-il donc ſi important de ſavoir parler de la vertu ſans la