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des deux Indes.
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autre monde, pour tâcher d’augmenter le nombre des fortunés ſujets qui vivent ſous les loix du meilleur des princes. Un peuple libre, & maître de lui-même, eſt né ſur l’Océan pour y régner. Il ne peut s’aſſurer l’empire de la mer, qu’en s’emparant de la terre : elle eſt au premier occupant, c’eſt-à-dire, à celui qui peut en chaſſer les plus anciens habitans ; il faut les ſubjuguer par la force ou par la ruſe, & les exterminer pour avoir leurs biens. L’intérêt du commerce, la dette nationale, la majeſté du peuple, l’exigent ainſi. Des républicains ont heureuſement ſecoué le joug d’une tyrannie étrangère ; il faut qu’ils l’impoſent à leur tour. S’ils ont brisé des fers, c’eſt pour en forger. Ils haïſſent la monarchie ; mais ils ont beſoin d’efclaves. Ils n’ont point de terres chez eux ; il faut qu’ils en prennent chez les autres ?

XIII. Commerce des Hollandois à Siam.

Le commerce des Hollandois à Siam, fut d’abord allez conſidérable. Un defpote, qui opprimoit ce malheureux pays, ayant, vers l’an 1660, manqué d’égards pour la compagnie, elle l’en punit, en abandonnant les comptoirs qu’elle avoit placés ſur ſon territoire, comme ſi c’eût été un bienfait qu’elle