Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
334

ce commerce preſque entièrement. Les deux nations, toujours divisées, toujours en guerre, parce que le gouvernement n’avoit eu ni le tems, ni l’adreſſe de détruire leur antipathie, ſe réunirent pour combattre les ſujets des Provinces-Unies. Ceux-ci, ſoutenus des naturels du pays, qui n’avoient pas encore appris à les craindre & à les haïr, acquirent peu-à-peu la ſupériorité. Les anciens conquérans furent chaſſés vers l’an 1621, & remplacés par d’autres auſſi avides, mais moins inquiets & plus éclairés.

Auſſi-tôt que les Hollandois ſe virent ſolidement établis aux Moluques, ils cherchèrent à s’approprier le commerce excluſif des épiceries : avantage que ceux qu’ils venoient de dépouiller n’avoient jamais pu ſe procurer. Ils ſe ſervirent habilement des forts qu’ils avoient emportés l’épée à la main, & de ceux qu’on avoit eu l’imprudence de leur laiſſer bâtir, pour amener à leur plan les rois de Ternate & de Tidor, maîtres de cet archipel. Ces princes ſe virent réduits à conſentir qu’on arrachât, des iſles laiſſées ſous leur domination, le muſcadier & le giroflier. Le premier de ces eſclaves couronnés reçoit, pour prix