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des deux Indes.
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& y attirèrent des vaiſſeaux ſans nombre de leur nation. Bientôt l’iſle devint le centre de toutes les liaiſons que Java, Siam, les Philippines, la Chine, le Japon, d’autres contrées, voulurent former. En peu d’années, elle ſe trouva le plus grand marché de l’Inde. Les Hollandois comptoient ſur de plus grands ſuccès encore, lorſque la fortune trompa leurs eſpérances.

Un Chinois, nommé Equam, né dans l’obſcurité, s’étoit fait pirate par inquiétude ; & par les talens, étoit parvenu à la dignité de grand-amiral. Il ſoutint long-tems les intérêts de ſa patrie contre les Tartares ; mais voyant que ſon maître avoit ſuccombé, il chercha à faire la paix. Arrêté à Pékin, où on l’avoit attiré, il s’y vit condamné, par l’uſurpateur, à une priſon perpétuelle, dans laquelle on croit qu’il fut empoiſonné. Sa flotte ſervit d’aſyle à ſon fils Coxinga, qui jura une haine éternelle aux oppreſſeurs de ſa famille & de ſa patrie, & qui imagina qu’il pourroit exercer contre eux des vengeances terribles, s’il réuſſiſſſoit à s’emparer de Formoſe. Il l’attaque, & prend à la deſcente le miniſtre Hambroeck.