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Histoire philosophique
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Elles ne tardèrent pas à ſe faire une guerre ſanglante.

Quel dut être l’étonnement des Indiens, témoins de ces grands combats ? Combien leur cœur devoit tréſſaillir de joie, en voyant leurs tyrans s’acharner à leur deſtruction mutuelle ? Avec quel tranſport ils devoient bénir une providence vengereſſe des maux qu’on leur avoit faits ? Juſqu’où ne devoit pas monter leur eſpérance, puiſque de quelque côté que le ſang fût répandu, c’étoit celui d’un oppreſſeur ou d’un ennemi ?

V. Guerres des Hollandois & des Portugais.

Les Portugais avoient pour eux une parfaite connoiſſance des mers, l’habitude du climat, & les ſecours de pluſieurs nations qui les déteſtoient, mais que la crainte forçoit à combattre pour leurs tyrans. Les Hollandais étoient animés par le ſentiment preſſant de leurs beſoins ; par l’eſpoir de donner une ſtabilité entière à une indépendance qu’on leur diſputoit encore ; par l’ambition de fonder un grand commerce ſur les ruines du commerce de leurs anciens maîtres ; par une haine que la diverſité de religion rendoit implacable. Ces paſſions, en leur donnant l’activité, la force, l’opiniâtreté néceſſaires