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des deux Indes.
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expédièrent quatre vaiſſeaux avec beaucoup d’épiceries & quelques toiles. L’amiral, avec le reſte de ſa flotte, fît voile pour les Moluques, où il apprit que les naturels du pays avoient chaſſé les Portugais de quelques endroits, & qu’ils n’attendoient qu’une occaſion favorable pour les chaſſer des autres. Il établit des comptoirs dans pluſieurs de ces iſles ; il fit des traités avec quelques ſouverains, & il revint en Europe chargé de richeſſes.

La joie que ſon retour cauſa fut extrême. Le ſuccès de ſon voyage excita une nouvelle émulation. Il ſe forma des ſociétés dans la plupart des villes maritimes & commerçantes des Provinces-Unies. Bientôt ces aſſociations, trop multipliées, ſe nuiſirent les unes aux antres, par le prix exceſſif où la fureur d’acheter fit monter les marchandiſes dans l’Inde, & par l’aviliſſement où la néceſſité de vendre les fit tomber en Europe. Elles étoient toutes ſur le point de périr par leur propre concurrence, & par l’impuiſſance où ſe trouvoit chacune d’elles séparément, de réſiſter à un ennemi redoutable, qui ſe faiſoit un point capital de les détruire. Dans cette conjoncture, le gouvernement, quelquefois plus