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des deux Indes.

religion, qui concouroient à rendre l’homme plus féroce dans la ſociété des hommes, qu’il ne l’eût été dans les bois parmi les monſtres des déſerts.

À la Chine, on met entre les mains des enfans, des livres didactiques, qui les inſtruiſent en détail de leurs devoirs, & qui leur démontrent les avantages de la vertu : aux enfans Japonois, on fait apprendre par cœur des poëmes, où ſont célébrées les vertus de leurs ancêtres, où l’on inſpire le mépris de la vie & le courage du ſuicide. Ces chants, ces poëmes, qu’on dit pleins d’énergie & de grâce, enfantent l’enthouſiaſme. L’éducation des Chinois règle l’âme, la diſpoſe à l’ordre : celle des Japonois l’enflamme & la porte à l’héroïſme. On les conduit toute leur vie par le ſentiment, & les Chinois par la raiſon & les uſages. Tandis que le Chinois, ne cherchant que la vérité dans ſes livres, ſe contente du bonheur qui nait de la tranquillité ; le Japonois, avide de jouiſſances, aime mieux ſouffrir que de ne rien ſentir. Il ſemble qu’en général les Chinois tendent à prévenir la violence & l’impétuoſité de l’âme ; les