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Histoire philosophique
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riſme cruel. C’eſt le fanatiſme le plus affreux. Les moines de cette religion perſuadent à leurs dévots, de paſſer une partie de leur vie dans les ſupplices, pour expier des fautes imaginaires. Ils leur infligent eux-mêmes la plupart de ces punitions, avec un defpotiſme & une cruauté, dont les inquiſiteurs d’Eſpagne pourroient nous retracer l’idée ; ſi ceux-ci n’avoient mieux aimé s’ériger en juges des crimes & des peines dont ils ont été les inventeurs, que d’être les bourreaux des victimes volontaires de la ſuperſtition. Les moines Budfoïſtes tiennent continuellement l’eſprit de leurs ſectateurs dans un état violent de remords & d’expiations. Leur religion eſt ſi ſurchargée de préceptes, qu’il eſt impoſſible de les accomplir. Elle peint les dieux toujours avides de vengeance, & toujours offensés.

On peut s’imaginer quels effets une ſi horrible ſuperſtition dut opérer ſur le caractère du peuple, & à quel degré d’atrocité elle l’a conduit. Les lumières d’une ſaine morale, un peu de philoſophie, une éducation ſage, auroient pu ſervir de remède à ces loix, à ce gouvernement, à cette