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des deux Indes.

d’un jeune cœur qui n’a point encore d’autre amour. Toutes les perſonnes nubiles, en qui les viſions ſe ſont manifeſtées, ont prétendu ne connoître point d’hommes. Elles en ont été plus reſpectées par les deux ſexes.

Les peuples ſauvages ont des magiciennes ; les barbares Gaulois ont eu des druideſſes ; les Romains des veſtales ; & le Midi de l’Europe ſe glorifie encore d’avoir des religieuſes. Chez les ſauvages, ce ſont les vieilles femmes qui deviennent les nourrices de la ſuperſtition, quand elles ne ſont plus bonnes à rien. Chez les peuples demi-civiliſés ou tout-à-fait policés, c’eſt la jeuneſſe & la beauté qui ſervent d’inſtrument & de ſoutien au culte religieux, en s’y dévouant par un ſacrifice public & ſolemnel. Mais combien ce dévouement, même volontaire, outrage la raiſon, l’humanité & la religion !

Quoi qu’il en ſoit des raiſons, ſoit religieuſes ou politiques, qui ont introduit & cimenté le célibat monaſtique en Europe ; on ne doit pas du moins juger avec rigueur les inſtitutions contraires, que le climat a dû ſans doute établir en des régions où le ciel & le ſol parlent ſi puiſſamment en fa-