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Histoire philosophique
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mens. Tel étoit l’état du Japon, lorſqu’il fut découvert par les Portugais.

Les grandes iſles qui compoſent cet empire, placées ſous un ciel orageux, environnées de tempêtes, agitées par des volcans, ſujettes à ces grands accidens de la nature qui impriment la terreur, étoient remplies d’un peuple que la ſuperſtition dominoit. Elle s’y diviſe en pluſieurs ſectes.

Celle du Sintos eſt la religion du pays, l’ancienne religion. Elle reconnoit un être ſuprême, l’immortalité de l’âme ; & elle rend un culte à une multitude de dieux, de ſaints ou de camis, c’eſt-à-dire, aux âmes des grands hommes qui ont ſervi ou illuſtré la patrie. C’eſt par l’empire de cette religion, que le Dairi, grand-prêtre des dieux dont il étoit iſſu, avoit long-tems régné ſur ſes ſujets avec tout le deſpotiſme que la ſuperſtition exerce ſur les âmes. Mais empereur & grand-pontife, il avoit du moins rendu la religion utile à ſes peuples ; ce qui n’eſt pas impoſſible dans les états où le ſacerdoce eſt uni à l’empire.

On ne voit pas que la ſecte du Sintos ait eu la manie d’ériger en crimes, des actions innocentes