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toit dans leurs mains tous les reſſorts de l’autorité ſuprême. Les Dairis étoient des perſonnes ſacrées, les deſcendans, les repréſentans des dieux. La plus légère déſobéiſſance à la moindre de leurs loix, étoit regardée comme un crime digne des plus grands ſupplices. Le coupable même n’étoit pas puni ſeul. On enveloppoit dans ſon châtiment ſa famille entière.

Vers le onzième ſiècle, ces princes plus jaloux, ſans doute, des douces prérogatives du ſacerdoce, que des droits pénibles de la royauté, partagèrent l’état en pluſieurs gouvernemens, dont l’adminiſtration politique fut confiée à de grands ſeigneurs, connus par leurs lumières & par leur ſageſſe.

Le pouvoir illimité des Dairis ſouffrit de ce changement. Ils laiſſèrent flotter, comme au haſard, les rênes de l’empire. Leurs lieutenans, dont l’ambition étoit inquiète & clair-voyante, trouvèrent dans cette indolence, le germe de mille révolutions. Peu-à-peu on les vit ſe relâcher de l’obéiſſance qu’ils avoient jurée. Ils ſe firent la guerre entre eux ; ils la firent à leur chef. Une indépendance entière fut le fruit de ces mouve-