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des deux Indes.
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meure du maître, cent mille fois ils doivent tomber à côté. Mais cette loi de la nature n’a peut-être pas lieu à la Chine comme en Europe, où nous ſerions trop heureux ſi, après dix mauvais ſucceſſeurs d’un bon roi, il en naiſſoit un qui lui reſſemblât.

Mais l’autorité ſouveraine eſt limitée à la Chine… Où ne l’eſt-elle pas ? Comment, par qui eſt-elle limitée à la Chine ? Si la barrière qui protège le peuple n’eſt pas hériſſée de lances, d’épées, de bayonnettes dirigées vers la poitrine ou la tête ſacrée de l’empereur père & deſpote, nous craindrons, mal-à-propos peut-être, mais nous craindrons que cette barrière ne ſoit à la Chine qu’une grande toile d’araignée ſur laquelle on auroit peint l’image de la juſtice & de la liberté, mais au travers de laquelle, l’homme qui a de bons yeux apperçoit la tête hideuſe du deſpote. Y a-t-il eu un grand nombre de tyrans déposés, empriſonnés, jugés, mis à mort ? Voit-on ſur la place publique un échaffaud ſans ceſſe dégouttant du ſang des ſouverains ? Pourquoi cela n’eſt-il pas ?

Pourquoi ?… C’eſt que la Chine eſt