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Histoire philosophique
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Et ce tribunal n’exiſte-t-il pas dans toutes les contrées ? Les ſouverains l’ignorent-ils ? le redoutent-ils ? le reſpectent-ils ? La différence de notre tribunal à celui de la Chine, c’eſt que le nôtre, composé de la maſſe entière de la nation, eſt incorruptible, & que le tribunal Chinois n’eſt composé que d’un petit nombre de lettrés. Ô l’heureuſe contrée que la Chine ! Ô la contrée unique, où l’hiſtoriographe du prince n’eſt ni puſillanime, ni rampant, ni acceſſible à la séduction ; & où le prince, qui peut faire couper la tête ou la main à ſon hiſtoriographe, pâlit d’effroi, lorſque celui-ci prend la plume ! Il n’y eut jamais que les bons rois qui craigniſſent le jugement de leurs contemporains & le blâme de la poſtérité.

Auſſi, les ſouverains de la Chine ſont-ils bons, juſtes, fermes, éclairés… Tous, ſans exception ? Il en eſt, je crois, du palais impérial de la Chine comme du palais du ſouverain de toutes les autres contrées. Il eſt un, au milieu de la multitude innombrable des habitations des ſujets : c’eſt-à-dire, que pour une fois qu’il arrive au génie & à la vertu de tomber du ciel ſur la de-