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des deux Indes.
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vertu même ; & ſi, comme tous les cultes, il fait des hypocrites, il entretient auſſi un zèle véritable. Il y a des tribunaux érigés pour punir les fautes contre les manières, comme il y en a pour juger des crimes & des vertus. On punit le crime par des peines douces & modérées ; on récompenſe la vertu par des honneurs. Ainſi l’honneur eſt un des reſſorts qui entrent dans le gouvernement de la Chine. Ce n’eſt pas le reſſort principal ; il y eſt plus fort que la crainte, & plus foible que l’amour.

Avec de pareilles inſtitutions, la Chine doit être le pays de la terre où les hommes ſont le plus humains. Auſſi voit-on l’humanité des Chinois juſque dans ces occaſions où la vertu ſemble n’exiger que de la juſtice, & la juſtice que de la rigueur. Les priſonniers ſont détenus dans des logemens propres & commodes, où ils ſont bien traités juſqu’au moment de leur ſentence. Souvent toute la punition d’un homme riche ſe réduit à l’obligation de nourrir ou de vêtir pendant quelque tems chez lui des vieillards & des orphelins. Nos romans de morale & de politique ſont l’hiſtoire des Chinois. Chez eux,