l’empereur & le conſeil ſuprême des mandarins en jugent le plus digne. Auſſi, l’émulation de la gloire & de la vertu règne-t-elle juſque dans la famille impériale. C’eſt le mérite qui brigue le trône, & c’eſt par les talens qu’un héritier y parvient. Des empereurs ont mieux aimé chercher des ſucceſſeurs dans une maiſon étrangère, que de laiſſer les rênes du gouvernement en des mains foibles.
Les vice-rois & les magiſtrats participent à l’amour du peuple, comme à l’autorité du monarque. Le peuple a même une meſure d’indulgence peur les fautes d’adminiſtration qui leur échappent, comme il en a pour celles du chef de l’empire. Il n’eſt pas enclin aux séditions, comme on doit l’être dans nos contrées. On ne voit à la Chine aucun corps qui puiſſe former ou conduire des factions. Les mandarins ne tenant point à des familles riches & puiſſantes, ne reçoivent aucun appui que du trône & de leur ſageſſe. Ils ſont élevés dans une doctrine qui inſpire l’humanité, l’amour de l’ordre, la bienfaiſance, le reſpect pour les loix. Ils répandent ſans ceſſe ces ſentimens dans le peuple, & lui