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Histoire philosophique
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tion des moiſſons, & de la multiplication des hommes.

À l’exemple de ces rois agricoles, tous les empereurs de la Chine le ſont devenus par état. Une de leurs fondions publiques, eſt d’ouvrir la terre au printems, avec un appareil de fête & de magnificence qui attire, des environs de la capitale, tous les cultivateurs. Ils courent en foule, pour être témoins de l’honneur ſolennel que le prince rend au premier de tous les arts. Ce n’eſt plus, comme dans les fables de la Grèce, un Dieu qui garde les troupeaux d’un roi : c’eſt le père des peuples, qui, la main appeſantie ſur le ſoc, montre à ſes enfans les véritables tréſors de l’état. Bientôt après il revient au champ qu’il a labouré lui-même, y jetter les ſemences que la terre demande. L’exemple du prince eſt ſuivi dans toutes les provinces ; & dans la même ſaiſon, les vice-rois y répètent les mêmes cérémonies en préſence d’une multitude de laboureurs. Les Européens qui ont été témoins de ces ſolennités à Canton, ne peuvent en parler ſans attendriſſement. Ils nous font regretter que cette fête politique, dont le but eſt d’encourager au