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des deux Indes.
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au Midi par les Indes, à l’Occident par le Thibet, à l’Orient par l’Océan, embraſſe preſque toute l’extrémité orientale du continent de l’Aſie. Son circuit eſt de plus de dix-huit cens lieues. On lui donne une durée ſuivie de quatre mille ans, & cette antiquité n’a rien de ſurprenant. C’eſt la guerre, le fanatiſme, le malheur de notre ſituation, qu’il faut accuſer de la brièveté de notre hiſtoire & de la petiteſſe de nos nations, qui ſe ſont ſuccédées & détruites avec rapidité. Mais les Chinois, enfermés & garantis de tous côtés par les eaux & les déſerts, ont pu, comme l’ancienne Égypte, former un état durable. Dès que leurs côtes & le milieu de leur continent ont été peuplés & cultivés ; tout ce qui environnoit ces heureux habitans a dû ſe réunir à eux comme à un centre d’attraction ; & les petites peuplades errantes ou cantonnées, ont dû s’attacher de proche en proche à une nation qui ne parle preſque jamais des conquêtes qu’elle a faites, mais des guerres qu’elle a ſouffertes : plus heureuſe d’avoir policé ſes vainqueurs, que ſi elle eût détruit ſes ennemis.

Une région ſi anciennement policée, doit