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des deux Indes.
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ſans leſquels il n’y a point proprement de nation. Ce fut de ces états, qu’Alphonſe reçut le ſceptre après la priſe de Liſbonne. Ce fut avec eux, que ſes ſucceſſeurs donnèrent long-rems des loix. Pluſieurs de ces loix étoient propres à inſpirer l’amour des grandes choſes. La nobleſſe étoit accordée à des ſervices de diſtinction ; à celui qui avoit tué ou pris un général ennemi, ou ſon écuyer ; à celui qui, priſonnier chez les Maures, avoit refusé de racheter ſa liberté par le ſacrifice de ſa religion. On ôtoit la nobleſſe à quiconque inſultoit une femme, rendoit un faux témoignage, manquoit de fidélité, ou déguiſoit la vérité au roi. Si cet uſage a ceſſé, eſt-ce la faute des ſujets qui n’ont pas osé dire la vérité aux ſouverains, ou la faute des ſouverains qui n’ont pas voulu l’entendre ?

Les guerres que les Portugais avoient ſoutenues pour défendre leurs biens & leur liberté, étoient en même-tems des guerres de religion. Ils étoient remplis de ce fanatiſme féroce, mais brillant, que les papes avoient répandu dans le tems des croiſades. Les Portugais étoient donc des chevaliers armés pour