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beau, pour lui demander juſtice des vexations de ſes ſucceſſeurs. Il mourut à Goa en 1515, ſans richeſſes, & dans la diſgrace d’Emmanuel, auquel on l’avoit rendu ſuſpect.

XVIII. Cauſes de la grande énergie des Portugais.

Si l’on doit être étonné du nombre de ſes victoires & de la rapidité de ſes conquêtes, quel droit n’ont pas à notre admiration, les hommes intrépides auxquels il avoit l’honneur de commander ? Avoit-on vu juſqu’alors une nation avec ſi peu de puiſſance, faire de ſi grandes choſes ? Il n’y avoit pas quarante mille Portugais ſous les armes, & ils faiſoient trembler l’empire de Maroc, tous les barbares d’Afrique, les Mammelus, les Arabes & tout l’Orient, depuis l’iſle d’Ormuz juſqu’à la Chine. Ils n’étoient pas un contre cent ; & ils attaquoient des troupes, qui, ſouvent avec des armes égales, diſputoient leurs biens & leur vie juſqu’à l’extrémité. Quels hommes devoient donc être alors les Portugais, & quels reſſorts extraordinaires en avoient fait un peuple de héros ?

Il y avoit près d’un ſiècle qu’ils combattaient contre les Maures, lorſque le comte Henri, de la maiſon de Bourgogne, débarqua en Portugal avec pluſieurs chevaliers Fran-